La bruine avale la vallée. Le bahut fonce à pleine balle. Sous les balafres de l’aube,
il trace son chemin, imperturbable. Règle numéro un : on ne s’arrête jamais.
L’Afghan avait mis un petit moment à se fourrer ça dans le crâne. Comme s’il lui
en coûtait d’arracher la ferraille de la bouche des crève la dalle. Comme s’il voulait
demander pardon. Lorsque le camion trainait ses mâchoires le long des collines,
l’Afghan pleurait sa ville natale aux mille feux. T’es pas fait pour ça crache le Russe
qui se cramponne à l’arrière. De l’autre main il tient la prothèse encore fraîche d’un
mutilé de l’usine.
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