Il les attendait au pied de la première montée. Une pente rude et pavée, parsemée d’éclats de verre. Les mange-fers ne s’aventuraient que rarement au-delà. Les crève la dalle les guettaient parfois avec des lance-pierres et des bouteilles d’acide. Hans suit son flair. Il écrase le champignon et le bahut se tord du cul pour gravir la côte. Avec sa puce en plastique verte à l’oreille, il les a suivis sans forcer. Le Russe adore les animaux. Bien plus que les humains. Il se jette au bas du camion pour lui donner les restes de son katcha. Le clébard d’abord méfiant dédaigne la bouffe. Puis il lape tout comme un nectar. Les mange-fers font la tournée du bidonville crasseux. Le chien passe devant eux et semble leur indiquer les meilleurs coins. La tournée dure deux heures, et jamais le clebs ne s’éloigne d’eux. Dans le dernier virage avant de rejoindre l’avenue de la vallée, Argos disparait comme il est arrivé. Le Russe s’embue de larmes. Il se mouche dans sa manche et gueule davaï.