Il trônait sur une poubelle. Le dos calé contre un muret défoncé. Des sacs en plastique au bout de chaque bras. Les graines de tournesol éventrées étoilent la terre battue autour de lui. Il fixe le Russe en premier. Son regard dit j’ai pas peur, le danger est ailleurs. Le bahut ne trainait que rarement sur cette colline arasée où jadis avait été érigée la plus belle mosquée de la vallée. Les gravats du minaret gisaient en tas tout autour de lui. La ferraille avait été mangée par les derniers habitants du coin. D’un oeil torve le Russe fait signe à l’Afghan de lui passer la chaîne de vélo. Le Boudha allait déguster. À trente centimètres de lui, le Russe prend son élan. Je m’appelle Burhan il dit. D’un des sacs il sort cinq clémentines jaunes comme la fonte au creuset. Une pour chacun de vous il sourit.