Le ciel pique du nez. Le brouillard dégueule gras. Avant la Prohibition, W. était
considéré comme le plus gros marchand de la vallée. On ricane le long de la rivière
qu’il planque au moins cent tonnes dans son bunker. Les fins de mois, les bennes
pourraves, chargées ras la gueule de ferrailles chouravées, s’alignent aux oignons
le long de son établissement qui a pignon sur rue. Toujours rivé à sa balance,
l’analphabète W. n’en sort que pour chuchoter son prix aux ramasse-merdes.
Un ragot aux relents d’oeuf pourri le tient pour responsable de la mort de son
propre frère, retrouvé lardé dans un fossé. Le Russe lui non plus ne quitte jamais
sa lame fatiguée. Même pour piquer le métal. Il tient en haute estime le vieux W.
Depuis la Grand Catastrophe ce dernier était passé de nabab à pestiféré. Il cache
sa came mais on la trouvera siffle le cosaque entre ses dents.
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