Bien avant d’échouer dans la vallée, le Russe avait trainé sa carcasse dans les
marécages près de la frontière. Son père avait tâté de la lime et de l’étau, mais
très peu pour lui. Trois crânes rasés l’avaient une fois laissé inconscient à la sortie
d’un bus. Il avait pris le chemin du dojo local. Sa vie s’était ensuite trainée entre
les boulots d’homme de main, la surveillance armée des usines spoliées, et le
gardiennage des wagons. Pour cinquante billets l’unité, le Russe avait gardé les
rames gavées de je ne sais quoi qui mangeaient le rail entre son bled et la mer.
De jour comme de nuit il veillait sur les mammouths chargés ras la gueule.
Il dormait sur les essieux. Le pire c’est quand on s’arrêtait, il racontait parfois.
Les crevards locaux voulaient en palper un peu. C’est là que j’ai tâté du schlass la
première fois il disait.
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